À quoi doit-on le revival du tailleur ?
Veste droite et courte à col cheminée, jupe au-dessus du genou, toque au sommet du crâne... Cette femme est-elle hôtesse de l’air, infirmière, Première Dame ? Ou alien, époque Cardin/Courrèges ? Les idées grouillent face à la silhouette Moschino de l’hiver, parfait syncrétisme de tout ce que le tailleur a été, est et sera. Institutionnel chez Chanel, dont la ligne croisière 2019 réhabilite la bourgeoise en villégiature à Biarritz, le petit ensemble mythifié par Jackie Kennedy dans les années 1960 évoque tour à tour Catherine Deneuve et Françoise Dorléac dans Les Demoiselles de Rochefort, les héroïnes d’Éric Rohmer et de François Truffaut – Fabienne Tabard en tête – et, enfin, le glamour hollywoodien de l’après-guerre, qu’on pratiquait de façon boulimique des tapis rouges aux cabines feutrées d’American Airlines. Couleur bonbon, ajusté et suffisamment “élagué” pour dévoiler ce genou qu’on ne saurait voir, le tailleur 2018 s’apparente autant à un revival sixties qu’à un pied-de-nez au monachisme germanopratin. Fini les néorobes de bure portées sous de longs blazers à carreaux. La froide saison attire les “Premières Dames” voyageant sur Air Brigitte – jeune marque de prêt-à-porter pilotée, entre autres, par Hugo Matha –, qui joue autant sur ce détournement des codes sixties que sur les goûts pseudo rétro de madame Macron.