Soko : "J'ai choisi d'être célibataire"
Difficile de cerner Soko, et tant mieux. À 32 ans, l’artiste née à Bordeaux échappe aux clichés de la it-girl française comme à ceux de la musicienne underground. Montée très haut en 2007 avec son premier EP Not Sokute, Stéphanie Sokolinski a enchaîné depuis deux albums quelques brillants featurings et une dizaine de rôles au cinéma, dont celui de Loïe Fuller dans La Danseuse de Stéphanie Di Giusto, en 2016. Pas mal pour celle qui n’a jamais caché sa fragilité et parle sans détour de la dépression contre laquelle elle s’est longtemps battue. La voilà installée depuis plus de dix ans à Los Angeles où elle se sent désormais chez elle, prônant un mode de vie ultra-sain, entre alimentation végan et gluten-free, yoga et méditation, finalisant les derniers détails de son troisième album écrit entre New York et la cité des anges. Cet été, elle remonte sur scène pour une série de concerts au côté de l’immense Nick Cave. Renontre avec l’une des figures les plus palpitantes de sa génération.
Comment vous sentez-vous, en ce moment ?
La plupart du temps, je me sens plutôt bien, je me réveille le matin et fonce au yoga avant même d’avoir le temps d’ouvrir les yeux, j’ai enfin une maison à moi à Los Angeles, après treize ans de vie à droite à gauche. J’ai fait le grand saut et accepté d’avoir un peu de stabilité dans mon quotidien.
Entre musique et cinéma, vous n’arrêtez pas une minute. Comment faites-vous pour trouver le temps de vous ressourcer ?
J’ai toujours été accro au travail. Je ne sais pas prendre de journées off, sinon je tourne en rond. Du coup, je surcharge mes journées, j’en fais toujours trop. Je vais au yoga tous les jours, et je vais faire des petites randonnées dans les collines de Los Angeles plusieurs fois par semaine. J’ai la chance d’habiter dans une ville qui offre plage, montagne, désert et parcs. J’en profite à fond. J’ai grandi à la campagne, donc j’ai un vrai besoin de voir des arbres, d’aller au sommet de grandes montagnes et me sentir toute petite. C’est une des choses qui me fait me sentir le plus vivante et connectée.
Vous avez passé l’année à travailler sur votre nouvel album. Comment s’est passé le processus d’écriture ?
J’étais dans un mood assez bizarre pour faire cet album, j’ai décidé d’être complètement dévouée à la musique, je sortais juste d’un stage de thérapie qui m’avait fait énormément de bien, j’avais envie et besoin d’être concentrée uniquement sur ma musique. Donc j’ai choisi d’être célibataire pendant toute la durée d’enregistrement de mon album. Pas de date, pas de bisous, rien de romantique, aucun moment intime, ce qui a renforcé mes relations avec ceux avec qui j’ai travaillé, parce que je n’avais aucune distraction, et c’était vraiment libérateur. J’habitais à New York, j’ai commencé à enregistrer l’album avec Patrick Wimberly, de Chairlift, et James Richardson, de MGMT. Tout s’est fait de manière assez organique, sans vraie deadline. Juste "Tu veux faire de la musique aujourd’hui ? OK ? Cool !" et j’ai écrit la plupart des chansons en studio. Pour mes albums précédents, j’arrivais en studio avec toutes les chansons prêtes à enregistrer, mais là, tout se formait un peu sur le vif, de manière beaucoup plus collaborative.
Photographie : Daria Kobayashi Ritch
Stylisme : Jennifer Eymère en Gucci et Tiffany & Co.
Découvrez l'intégralité de l'interview de Soko dans L'Officiel actuellement en kiosques.