Toutes en selles
«Respecter la tradition et oser l’insolence, car l’un ne saurait aller sans l’autre»: ces mots sont de Christian Dior, mais ils pourraient être de Maria Grazia Chiuri, directrice artistique de la maison française depuis 2016. La créatrice italienne oscille entre quête d’authenticité, héritage Dior et volonté de casser les codes. En témoigne la façon dont elle a revisité l’un des classiques de la maison, le fameux «Saddle Bag».
Ce sac iconique, apparu pour la première fois dans la collection prêt-à-porter printemps-été 2000, a été imaginé par le directeur artistique d’alors, John Galliano. Dès sa création, ce modèle d’inspiration équestre, avec sa forme en selle de cheval orné d’un D doré, est adopté par nombre d’artistes et de stars, comme Beyoncé, Sarah Jessica Parker dans la série «Sex and the City», Elle Macpherson, mais aussi Paris Hilton, Nicole Richie et Sienna Miller. Il apparaît réalisé dans la célèbre toile «Oblique» au motif du logo Dior dont les lettres se superposent, créée par Marc Bohan dans les années 1970. Dans les années 2000, en pleine logomania, le sac porté sous l’épaule et associé aux cropped tops du moment, est un succès. À l’époque du porno chic, certains y voient un hommage à la célèbre photo de Helmut Newton de 1976 baptisée «Saddle 1», représentant une femme à quatre pattes sur un lit, une selle de cheval sur le dos. En 2007, John Galliano célèbre sa dixième année en tant que directeur artistique chez Dior avec douze «Saddle Bag» en édition limitée, chacun représentant un pays, de l’Inde au Japon en passant par la France (en version toile de Jouy) et le Mexique. En 2014, Beyoncé remet le modèle devenu vintage sur le devant de la scène. Plus récemment, ce «sac-selle» connaît un revival sans précédent quand Bella Hadid est photographiée avec un minimodèle en denim.
La folie «Saddle» est définitivement relancée en mars 2018 quand Maria Grazia Chiuri dévoile lors du défilé Automne-Hiver 2018/2019 ses différentes versions revisitées. «Je l’ai voulu très coloré, brodé ou avec des franges perlées pour que, tel un caméléon, il s’adapte à toutes les situations», indique la créatrice, qui a imaginé deux formats, mini ou plus large, agrémentés d’une bandoulière amovible permettant de le porter en cross-body pour une allure toujours plus affranchie, toujours plus affirmée.
Patchwork
En patchwork inspiré des années 1970 portant l’inscription «Peace and Love Dior», ce modèle composé d’empiècements brodés de fils, de perles et de franges a été réalisé d’après des dessins graphiques vintage.
Perlé
En franges perlées de couleurs vives, ce sac illustre avec éclat le savoir-faire des ateliers Dior. Les brodeuses opèrent en duo, sur un métier en bois, utilisant une technique traditionnelle qui consiste à travailler sur l’envers du tissu pour crocheter les fils et les perles.
Classique
Dans son motif bleuté originel imaginé en 1967 par le directeur artistique Marc Bohan, le «Saddle Bag Dior Oblique» n’a rien perdu de son fashion appeal. Réalisé en toile jacquard baptisée «tapisserie de Flandres» et contrastée d’un cuir végétal, ce modèle est un classique indémodable de la maison.
Bandoulière signature
En toile «Oblique», rouge ou multicolore, la ban- doulière amovible rehaussée de franges et de mé- daillons en métal couleur argent vieilli, véritable signature de Maria Grazia Chiuri, nécessite un jour et demi de travail. Cette façon de porter le sac en cross-body lui donne une nouvelle attitude.
Monochrome
En cuir de veau noir, rouge ou rose poudré, le «Saddle Bag» révèle ainsi la pureté de ses lignes. Dans les ateliers de ma- roquinerie, l’artisan façonne la matière pour créer les deux soufflets galbés du modèle. Les mots «Christian Dior Paris» sont embossés à chaud, au ruban doré, sur la poche interne.