Joaillerie

Une Grande Jagger

Une Interview avec Georgia May Jagger
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Rendez­vous à Berlin, au China Club. C’est là, sur la scène de ce club à la mode, que la bijouterie omas Sabo présentait sa prochaine collection, lors de la Fashion Week de Berlin. En guest stars, les égéries de la campagne publicitaire actuelle – pourquoi changer une équipe qui gagne? Toute la presse spécialisée se hâte pour assister à la première apparition du mannequin Shermine Shahrivar, et surtout pour apercevoir la Britannique Georgia May Jagger,principale étoile de la soirée.

Nom de famille: Jagger. La belle Georgia est donc la lle de la star du rock Mick (d’ailleurs bientôt papa pour la huitième fois) et du mannequin Jerry Hall. Avec des géniteurs aussi célèbres, on imagine aisément la dif­ culté à se construire une image et une personnalité bien à soi. Toute question relative à son illustre papa ou au groupe de rockers de ce dernier était donc bannie... Des précautions toutefois super ues, car Georgia May Jagger a che une assurance certaine, en impose par une présence étonnante pour une personne aussi délicate, et refuse d’être jugée à l’aune de sa famille. C’est une jeune femme forte et engagée, parfaitement à l’aise dans le monde des grandes marques.

L’OFFICIEL Suisse: Avez-vous un modèle, une femme forte, qui vous inspire?

GEORGIA MAY JAGGER: Toutes les femmes que je connais sont fortes à leur manière. Aussi bien dans mon cercle d’amis que dans ma famille, elles font toutes quelque chose de di érent et m’inspirent. Vivienne Westwood, par exemple, est une femme formidable qui œuvre beau­ coup en faveur de l’écologie. Elle crée des collections unisexes en parfait accord avec mes idées. J’ai acheté beaucoup de choses chez elle ces derniers temps. Sa manière d’agir a su me convaincre, car elle repose sur un concept véritable.

Mais la veste que vous portez n’est pourtant pas signée Vivienne Westwood...

Non, elle vient de chez Gucci et je l’aime! Pour en revenir à votre question sur les femmes exemplaires, j’aurais pu également citer toutes mes sœurs. Jade vient d’avoir un bébé, 20 ans après avoir eu son premier enfant. A mes yeux, c’est remarquable, d’autant qu’elle a travaillé presque jusqu’au jour de l’accouchement.

Et puis, vous savez, je n’ai jamais vraiment été une adepte incondi­tionnelle des soirées organisées par le monde de la mode. Cela fait par­ tie de mon travail, c’est tout.

Si vous aviez le pouvoir de changer quelque chose sur Terre, en faveur de quoi vous engageriez-vous?

L’instruction des lles est une ques­ tion épineuse dans le monde entier, même si sous nos latitudes la situ­ ation est moins catastrophique. Or l’instruction ouvre tout le champ des possibles et permet de réaliser ce que l’on veut dans la vie. Voilà un vaste projet que j’aimerais soutenir.

Puisque vous êtes fan de Gucci, aimeriez-vous soutenir la Fondation Chime for Change de Salma Hayek?

J’ai déjà rencontré Salma Hayek. C’est une femme très sympathique.

Alors? Allez-vous faire quelque chose ensemble?

Ce serait fantastique...

Où vous voyez-vous dans six ans, à l’aube de vos 30 ans?

C’est une question que je déteste. J’essaie de vivre l’instant présent. Beaucoup de gens passent leur vie à regretter le passé ou à redouter l’avenir. Moi, je me préoccupe du présent. J’apprécie ce que j’ai. La société est plongée dans une course à l’échalote où personne ne se contente de ce qu’il a. Je ne veux pas songer à l’étape d’après et à ce qu’il me faudra avoir obtenu à 30 ans. C’est une pression dont je souhaite me préserver, à l’inverse de certaines personnes qui attendent beaucoup trop d’elles­mêmes.

A cet âge, les femmes commencent à songer au mariage et à avoir des enfants...

Je ne ré échis pas encore à la mater­ nité! Je pense qu’elle peut venir plus tard, lorsqu’on estime le bon moment venu.

Quelle est, pour vous, la plus grande de vos réalisations?

C’est quelque chose qui est en train de se faire, mais je ne peux pas en par­ ler. C’est terriblement exaltant! Un projet à mi­chemin entre la mode et l’écologie. Lorsque je collabore avec des entreprises et que je crois en un projet, je m’investis totalement. Sur le plan personnel, c’est de m’être acheté une maison à Londres. Avoir un pied­à­terre à moi a toujours été une priorité. J’y ai travaillé depuis mes débuts dans le mannequinat, à l’âge de 15 ans. C’était mon objectif et je l’ai réalisé l’an dernier.

Est-ce que vous bricolez à vos heures perdues dans votre nouvelle maison?

Il y a toujours des tas de choses à faire. En ce moment, j’héberge ma sœur, son mari et leur bébé chez moi, car leur logement est en rénovation. La maison est pleine de vie, avec des jouets par­ tout, et toujours quelque chose à faire.

Vous avez commencé à travailler à 15 ans: n’aviez-vous pas d’autres projets avant que votre carrière de mannequin ne décolle?

J’ai toujours d’autres projets. J’ai pour­ suivi ma scolarité et j’ai même étu­ dié deux ans à l’université. Certes, je n’ai pas terminé mes études, mais j’ai toujours travaillé dur pendant les week­ends et les vacances pour maintenir mon instruction à un niveau satisfaisant. Dans la mode, on n’est parfois guère plus que l’objet du moment. Il su t qu’une nouvelle venue fasse son apparition pour vous évincer. J’en étais pleinement con­ sciente, et je voulais m’assurer une bonne culture générale en m’intéres­ sant à autre chose qu’à la mode.

Sur votre compte Instagram, on voit deux Georgia: l’une est drôle et insouciante, l’autre est un mannequin conformé. Laquelle des deux vous correspond le plus?

Ce quel’on y voit de ma vie de tous les jours est le véritable re et de qui je suis. J’ai beaucoup réduit mon acti­ vité, je ne fais plus autant de choses. Et puis, vous savez, je n’ai jamais vraiment été une adepte incondi­tionnelle des soirées organisées par le monde de la mode. Cela fait par­ tie de mon travail, c’est tout. J’y vais parfois. C’est une partie de ma vie, ce n’est pas toute ma vie. Mais j’aime bien m’apprêter pour une fête, c’est quel­ que chose qui me captive. A la maison, je suis plutôt garçon manqué. Lorsque je ne travaille pas, je passe mon temps en jogging. J’aime la mode. J’aime expérimenter des tenues di érentes, faire des trucs avec mes cheveux et le maquillage. Mais je le fais uniquement pour m’amuser. Il n’y a rien de sérieux là­dedans.

Un mot sur vos amis: sont-ils tous top-modèles?

Non, ça, c’est ce que les gens s’ima­ ginent. Il y a parmi mes amis des mannequins, mais pas uniquement. Je m’étais liée d’amitié avec Suki [Waterhouse] et Cara [Delevingne] avant qu’elles ne deviennent manne­ quins. Nous allions à l’école ensemble [Ipstock Place School à Roehampton] depuis l’âge de onze ans. Beaucoup de mes très bons amis n’ont rien à voir avec le mannequinat, mais j’ai aussi de bons amis dans l’industrie de la mode. Je ne crois pas qu’on puisse être amis avec quelqu’un juste parce qu’on fait le même métier.

Vous êtes ambassadrice de la marque Thomas Sabo, après avoir été le visage de ses précédentes campagnes publicitaires...

Cela fait déjà deux ans que nous collaborons, et c’est comme si nous formions une famille. C’est formidable de travailler avec Ellen von Unwerth. Elle est incroyablement rapide et nous terminons beaucoup de projets en un temps record.

Allez-vous créer un jour quelque chose pour Thomas Sabo?

J’ai déjà esquissé plusieurs projets par le passé, mais Thomas Sabo ne m’a jamais demandé de développer quelque chose spécialement pour lui. Peut­être le fera­t­il un jour. En tout cas, je ne dirais pas non. Pour chaque mandat qui m’est con é, je m’assure de pouvoir être véritablement à la base du produit qui, d’une façon ou d’une autre, portera mon nom. Je contrôle tous les échantillons, j’assiste à toutes les réunions importantes et je veille à ce que mes demandes de modi ca­ tions soient prises en compte. J’ai un point de vue très strict sur la question.

Dans l’univers de la bijouterie, vous risquez de vous transformer en concurrente pour votre sœur Jade...

Certainement pas. Ma sœur a déjà 20 ans d’expérience dans ce domaine! 

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